Reconnaître un(e) pervers(e)

Comment reconnaitre un pervers ? Comment agit-il ? Quels effets sur la victime ?

Je vais dire ici « le pervers » mais cette appellation inclut aussi les femmes perverses. Les statistiques montrent qu’elles sont moins nombreuses que les hommes mais elles existent aussi.

Je n’aime pas poser l’étiquette « pervers narcissique » sur le front des gens: il s’agit là d’un diagnostic médical qui appartient à un psychiatre.

  • Il peut changer très rapidement de comportement. Il est charmant- il est violent- il est charmant, il est menaçant, il est de nouveau charmant, etc…
  • Il montre une haute estime de lui-même et ne se remet pas en question. Pourtant, il affirme qu’il le fait. En réalité, il ne se laisse pas remettre en question par qui que ce soit… donc il est d’accord avec lui-même.
    Quand un sujet le dérange, il change de conversation.
  • Il occupe l’espace. Il fait du bruit, il emplit l’espace d’odeurs, il parle, parle de lui, sa vie, son oeuvre…
    Il peut être un collectionneur obsessionnel, un accumulateur
  • Il ment, invente effrontément. Comme il est intelligent et peut avoir une vie sociale d’apparence tout à fait normale, il donne le change et la victime peut en venir à douter d’elle-même.
  • Il n’a aucune empathie, c’est à dire qu’il ne tient absolument pas compte des désagréments qu’il génère.
  • Il dévalorise, humilie, soumet sa victime. Le plus souvent, cela se passe en privé, car il peut avoir l’apparence de l’homme parfait ou de la femme modèle. Pourtant, il lui arrive de se moquer de son ou sa partenaire par exemple au cours d’un dîner mondain, révélant des choses intimes ou des petits travers. Cela met tout le monde mal à l’aise mais comme c’est fait avec le sourire, peu de gens osent le relever.
  • Il est souvent un tyran domestique, il peut être très infidèle et maladivement jaloux, suspicieux,, inventant des preuves.
    Au contraire, il peut se montrer très « protecteur » même quand on ne lui demande rien.
  • Il justifie tous ses excès : « Je l’ai frappé, il l’avait bien mérité, il m’avait fait une queue de poisson ! »
  • Dans ses actions, il n’a pas de limites, il n’obéit à aucun code… Il agit en terroriste. La loi, c’est lui ! Et c’est justement son point faible : il se sent au-dessus des lois. Par le phénomène d’emprise, il peut arriver à le faire croire à sa victime, mais, il ne prévoit pas l’échec de ses stratégies. Il se prend pour une sorte de Dieu tout puissant. Donc, dès lors que la victime fait appel à la loi, il perd son pouvoir et sa supériorité.

 

Comment détecter un(e) pervers(e) ?

 

Un bon indicateur pour reconnaître qu’on est victime d’un pervers, c’est le ressenti que l’on a : la victime a un sentiment de confusion. Elle en arrive parfois à se demander si tout cela n’est pas de sa faute. Il faut se souvenir de l’étymologie du mot pervers : en latin, « per » est un intensif (per-fection, per-formant, per-pétuer, etc…) et « vertere » c’est : retourner. L’image parle d’elle-même : le pervers retourne les situations, les mots, les intentions au point que sa victime a du mal à garder des idées claires.
La victime a souvent honte. La honte engendre l’isolement et le silence, or elle aurait besoin d’aide, donc de pouvoir dire.

La victime a besoin d’aide, de soutien. Rappelons qu’elle n’est pas faible mais qu’elle est juste tellement de bonne foi qu’elle ne peut pas concevoir le fonctionnement du pervers, elle ne peut pas concevoir ce fonctionnement terroriste. (Personne ne pouvait prévoir que quelqu’un, un jour, louerait un camion pour aller rouler sur des personnes, un soir de 14 juillet, sur la Promenade des Anglais à Nice…). Quelqu’un qui n’est pas directement la victime pourra mieux conserver le bon-sens qui, à l’évidence, démontrera le mécanisme…

Je me souviens de Pierre Benghozi, alors directeur de l’Observatoire de la Violence en France qui disait, au cours d’une formation sur le sujet que, face à un pervers, lui-même, en tant que psychiatre, prenait un stylo dans sa main et se connectait à cette réalité : « Ce que j’ai dans ma main est un stylo ! », ceci pour éviter de se laisser embarquer dans les délires du pervers.

Cette image m’a souvent été très utile !