Je voudrais qu'on soit gentil,
agréables entre nous!

Il suffit d’écouter les mots des enfants pour comprendre…

Ce petit garçon de huit ans m’a été amené par sa mère, complètement désorientée par le comportement de son fils : il crie, désobéit, hurle, frappe… Elle se sent dépassée, elle ne sait plus comment faire… Elle me dit qu’il est terrible, elle a des mots durs pour parler de lui. Écoutez les phrases verbatim que j’ai notées lorsqu’il m’a parlé, ensuite, quand nous étions seuls :

« Je voudrais qu’on soit gentils… agréables entre nous… »

« J’ai besoin d’une famille drôle, gentille, sympathique… »

« Il faut éviter la colère… on a besoin d’un peu de dispute… »

« Un jour mon père m’a frappé… il a des grosses mains… ça faisait même pas mal, mais j’avais peur qu’il me tue… mais ça m’a fait mal dans mon cœur… »

« Je sais que je devrais être gentil mais je ne peux pas… Je deviens tout rouge, je m’arrête de respirer. Des fois, je voudrais mourir. »

« Quand mes parents se disputent, c’est désagréable… Un jour, j’étais dans ma chambre sous le lit, je tremblais, je me bouchais les oreilles… J’avais peur que mon père tue ma mère… »

« Je suis vraiment méchant, vraiment différent des autres enfants… Tous les autres enfants, ils ne disent pas à leur père que c’est un connard ! Tous les autres enfants ne sont pas méchants avec leur mère ! »

Cet enfant se sent coupable, tout en sachant instinctivement ce qui ne va pas. Il énumère pêle-mêle des faits et des sentiments mais ne les relie pas entre eux. Tout est embrouillé en lui, sauf le sentiment d’être nul !

Les parents de cet enfant ne sont pas des monstres, ils sont venus me voir ensemble et savent se remettre en question ! Ils se disputent parfois fort mais il n’y a pas de réel danger. Oui, le père a frappé une fois (une fois de trop, bien sûr !) mais ce n’est pas une grosse brute. Ce qui est terrible c’est que le sentiment éprouvé par l’enfant n’est pas forcément proportionnel à la réalité des faits. La panique est réelle. Le climat d’insécurité vécu perturbe terriblement les émotions de cet enfant. Il explose lui-même de manière incontrôlable… On peut le comprendre !

Les parents n’imaginaient pas les dégâts que leurs disputes faisaient et n’avaient pas établi le lien de cause à effet entre la « violence » de leur fils et ce qu’ils lui faisaient vivre